Armés contre les maladies nosocomiales

Mars 2013

Maîtriser la prolifération bactérienne en surveillant la qualité de l’eau est indispensable pour réduire les infections nosocomiales. Après la légionnelle, c’est le Pseudomonas aeruginosa qui doit faire l’objet de toutes les attentions. Des robinetteries étudiées pour limiter la diffusion de ces agents pathogènes sont utilisées en milieu hospitalier.

Le biofilm naturellement formé dans les robinetteries et canalisations contient 99,5 % des bactéries présentes dans les installations sanitaires. Impossible à éradiquer, il doit être cependant maîtrisé afin de limiter la prolifération de bactéries pathogènes. Le but est d’empêcher que les germes se multiplient trop et forment des agrégats pouvant facilement se décrocher lors du passage de l’eau. A l’ouverture du robinet, ceux-ci peuvent se diffuser dans l’air sous forme de microgouttelettes (aérosols).

Pour les personnes fragiles, notamment les immunodéprimés, le contact avec certains microorganismes est synonyme de risques d’infections. Les bactéries du réseau d’eau sont tenues pour responsables d’environ 30 % des infections nosocomiales. Il est donc nécessaire pour les établissements de santé de maîtriser la prolifération bactérienne dans leurs installations sanitaires.

Wanted : Legionella et Pseudomonas

En France, depuis le 1er janvier 2012, tous les Etablissements Recevant du Public sont soumis à la surveillance de la qualité bactériologique de l’eau, dans la mesure où leurs points d’eau sont accessibles au public, et peuvent produire des aérosols d’eau chaude sanitaire susceptibles d’être contaminés par la légionelle (arrêté du 1er février 2010).

L’arrêté du 30 novembre 2005 définit, lui, des températures d’eau chaude sanitaire minimales pour limiter le risque lié au développement de légionelles, et des températures maximales pour limiter le risque de brûlure. Parmi les bactéries « de réseau », la désormais célèbre Legionella pneumophila fait donc l’objet d’une surveillance sanitaire réglementée (trois niveaux de surveillance, des protocoles de prélèvement).
Aucune réglementation particulière ne concerne en revanche le redoutable Pseudomonas aeruginosa.

Cette bactérie dite «de point de puisage» se développe en présence d’oxygène et d’eau, essentiellement au niveau du bec des robinetteries. Une fois bien installé sur les parois internes du bec, le bacille pyocyanique (l’autre nom du germe) colonise progressivement le corps de la robinetterie, puis les flexibles d’alimentation et les canalisations. A ce stade, il devient impossible à éliminer, or il serait le deuxième responsable des infections nosocomiales mortelles.

Préconisations contre Pseudomonas en Angleterre

Le National Health Service (NHS), ministère de la santé du Royaume Uni, a publié le 31 mars 2012 un guide des bonnes pratiques, pour détecter Pseudomonas aeruginosa dans les installations sanitaires, et agir en cas de contamination.
Il recommande notamment pour les analyses d’eau, de prélever au premier jet en sortie de robinet, de réaliser les prélèvements au moins 2 heures après le dernier puisage (idéalement 5 heures) pour les robinetteries utilisées quotidiennement, et de tester les points de puisage peu utilisés.

En l’absence de contamination, la surveillance est à renouveler tous les 6 mois. Le NHS indique que dès 1 UFC/L (Unité Formant Colonie de Pseudomonas aeruginosa par litre d’eau), le niveau d’alerte est atteint et qu’il faut agir. Entre 1 et 10 UFC/L, les tests doivent être réitérés et des mesures mises en place. Au-delà de 10 UFC/L, la cause de ces résultats doit être étudiée et des actions curatives doivent être mises en œuvre.

Des gammes « étudiées pour »

Les préconisations du NHS rejoignent les solutions BIOSAFE développées par Delabie ces dernières années pour maîtriser la prolifération bactérienne dans les robinetteries en milieu hospitalier. Plusieurs robinetteries spécifiques ont été mises au point par le fabricant.

Les éléments déclipsables des robinetteries de la gamme BIOCLIP, permettent leur nettoyage interne complet et l’adaptation de becs spécifiques. Soit le mitigeur est entièrement déclipsable de son embase, soit seul le bec est déclipsable. Celui-ci peut être en laiton, jetable, ou filtrant. Ce dernier bec, intégrant un filtre à 0,1 µm, permet de délivrer une eau exempte de bactéries.

Les robinetteries à faible volume d’eau en stagnation sont des mitigeurs dont la conception intérieure permet de réduire le volume d’eau dans le corps. Les passages intérieurs en cuivre sont sans recoin et permettent d’accélérer la vitesse de l’eau, limitant ainsi le développement du biofilm.
Les robinetteries avec des becs et/ou un corps à intérieur lisse sans aspérité ne laissent, elles non plus, aucune prise au biofilm, contrairement à la plupart des robinetteries du marché, dont les becs et corps à intérieur rugueux favorisent l’accrochage bactérien (une étude montre que la contamination des robinetteries à corps lisse par les Pseudomonas aeruginosa est 14 fois moins importante que celle des robinetteries à corps rugueux*).

Enfin, la robinetterie électronique à purge automatique empêche la stagnation d’eau, l’une des principales causes de développement bactérien dans les réseaux. Un rinçage périodique intervient automatiquement durant 45 secondes, 24h après la dernière utilisation.

Chaque solution répond à des contraintes particulières. La combinaison de plusieurs d’entre elles permet d’augmenter le niveau de précaution contre les bactéries pathogènes.

* Etude réalisée en juin 2010 par le laboratoire BioPI et le Département
Biologique de l’Université Jules Verne d’Amiens.